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Aimez-vous Poe |
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Alerté par ses officiers, le roi voisin ne prit pas à la légère ce déploiement subit. Il mit en état d’alerte ses armées, mais avant de faire quoi que ce soit, il confia ses soucis au flair du plus expérimenté de ses espions. A défaut d’alerte générale dans le sultanat, l’espion jugea ce déploiement une intimidation gratuite ou alors un divertissement qui n’allait sûrement pas manquer de s’avérer grave. Après maintes consultations, ce roi envoya un messager au sultan aussi bien pour sonder les véritables causes de sa décision que pour comprendre les véritables raisons de cette guerre. · Mais non, répondit le sultan, je ne vois même pas pourquoi je vais vous la déclarer. · Votre seigneurie, fit le messager, n’ignore pas cependant que vos troupes ont été déployées le long de nos frontières communes. · Mais non, fit le sultan d’un ton rassurant sans montrer toutefois son ignorance totale de l’incident, ce n’est qu’un exercice de routine. Rassure d’ailleurs mon ami votre roi que mes troupes vont se retirer des frontières dans les prochaines soixante douze heures. Se rendant compte qu’il devait tout faire et vite pour éviter le pire, il demanda, juste après le départ du messager, son vizir et ses gouverneurs en réunion urgente. Il ordonna au belliqueux qui était le seul à partager des frontières avec le roi de retirer toutes ses troupes. Les quatre gouverneurs se présentèrent deux jours plus tard au palais. Et la salle du trône fut pour plus d’une raison imbue de peur et de prudence. Tout d’abord les gouverneurs n’eurent d’yeux que pour ceux du sultan. Ils y cherchèrent à quoi s’accrocher pour ne pas craindre le pire. Le sultan cependant, regardait fixement son vizir de peur qu’il ne soufflât mot de la véritable cause de l’incident. Quant au vizir, il fuyait gauchement les yeux du sultan et posait les siens sur ceux des gouverneurs comme pour leur imputer la gravité de la situation. Nul toutefois ne fit attention au gouverneur belliqueux; on ne fut même pas jusqu’à lui demander des explications. · Messieurs, fit le sultan, un sultan ne se tait jamais. Il parle toujours et bien, tantôt en usant de mots et tantôt en se taisant. Son blanc n’est pas quelconque, et même si on en fait un mauvais usage, un sultan n’en est pas moins omniscient. Cependant et vu quelques malentendus dûs à la difficulté de mon parchemin, je me vois dans l’obligation de vous aider à mieux comprendre mon programme, bla... bla... bla... et le sultan se lança dans un long discours où il interpréta aux gouverneurs, à son vizir et à la reine ce qu’il avait voulu dire par son parchemin vierge. Tous le crurent à la lettre à l’exception de la reine. Elle continua à croire que son mari avait sans l’ombre d’un doute voulu lui jouer un tour. / .
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